06/06/2007

BENOÎT XVI L’ETHNOCIDAIRE

L’avantage avec l'Église catholique, apostolique et romaine, c’est qu’elle tient un cap, le même depuis Constantin et sa conversion personnelle fort opportuniste au christianisme qui a décidé en même temps de celle de l’Empire, donc de la fabrication de notre Europe chrétienne. Ce cap est simple : destruction de tout ce qui empêche la chrétienté politique. Destruction et surtout effacement des preuves de ce travail de sicaire.

Voilà pour quelles raisons il m’a fallu chercher loin les preuves de cette passion destructrice qui accompagne l’installation du christianisme en Europe, puis dans le reste du monde. Lorsque j’ai travaillé sur cette question pour mon Traité d’athéologie, j’ai découvert le mutisme des livres, le silence des bibliothèques, la complicité universitaire d’historiens affirmant que l’effondrement naturel de l’Empire a été suivi de l’épiphanie toute aussi naturelle du Christianisme comme culture d’État. Autrement dit : maladie de l’Empire païen, mort, puis renaissance accompagnée par la médecine chrétienne, le tout par le miracle d’un pur et simple processus naturel.

Or l’installation du Christ Roi en Europe s’est faite avec violences de la soldatesque, persécutions physiques de païens, empêchement de philosophes, brutalités à l’endroit des croyants des autres religions, destruction de monuments, recyclage de statues et d’objets sacrés dans le gravât des routes, autodafés de livres, pillages de lieux de culte, incendies de bibliothèques, privation de citoyenneté pour les non chrétiens, législations discriminatives contre les récalcitrants à la religion nouvelle, et passim…

La même méthode fut utilisée lors de la christianisation du restant de la planète. Chaque fois qu’un pays fut converti au christianisme, ce fut au prix d’un ethnocide. A cette heure, il manque un dictionnaire de ces ethnocides, un musée de cette barbarie chrétienne, une encyclopédie de ces civilisations et de ces cultures détruites par les colons chrétiens, les missionnaires, les conquistadores. Que se lève la mémoire des Tainos, des Aborigènes, des Arawaks, des Caraïbes, des Inuits, des Kiowas et de tant d’autres peuples…

Dès lors, quand Benoît XVI affirme pendant son voyage au Brésil que « l’annonce de Jésus et de son Évangile n’a comporté à aucun moment une aliénation des cultures précolombiennes et n’a pas imposé une culture étrangère » on se dit qu’il reste à cet ancien élève de la Jeunesse Hitlérienne quelques mauvaises habitudes de pensées et qu’il a vraiment lui aussi, et comme beaucoup de chrétiens, du mal avec l’amour du prochain quand le prochain n’est pas la duplication de sa petite personne… Benoît XVI s’acharne sur le cadavre de Las Casas , ce premier des Justes.

Michel Onfray